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BIOGRAPHIE DE JEAN GUEHENNO.

 

Marcel (dit Jean) Jean Guéhenno naît à Fougères, au coeur d’un quartier ouvrier, le 25 mars 1890 ; fils d’un cordonnier, et d’une piqueuse en chaussures. Il est contraint de quitter l’école à l’âge de 14 ans, son père étant gravement malade. Jean entre comme employé aux écritures dans l’usine de chaussures Bordeau-Tréhu. C’est à cette époque qu’il prépare seul son baccalauréat, la nuit, après sa journée de travail, et le passe aux sessions d’octobre 1906. En juillet 1907. Il obtient une bourse et devient élève de Khâgne à Rennes de 1908 à 1910, puis il quitte la province pour Louis-le-Grand à Paris à la fin de l’année 1910 et accède à la prestigieuse École normale supérieure de la rue d’Ulm à la rentrée de 1911. Cet itinéraire atypique déterminera toute son œuvre et sa carrière.     

Le jeune officier Guéhenno est mobilisé en 1914 au 77ème R.I. ; il est blessé grièvement le 15 mars 1915, cité et décoré de la Croix de guerre. Il refuse d’être réformé et travaille à la censure postale de Lyon. À la fin de 1916 ou au début de 1917, il dirige l’école d’un hôpital pour aveugles de guerre, créée grâce à des fonds américains par Eugène Brieux, dramaturge engagé dont il avait été secrétaire.

Sa vie se partage alors entre ses carrières de professeur et d’écrivain. Agrégé des lettres en 1920, il est de 1919 à 1927 professeur au lycée de Douai, puis à Lille, où il crée la classe de Khâgne. Il se marie  en 1916 avec Jeanne Maurel, jeune agrégée d’histoire, originaire de Montolieu, petit village de l’Aude ; en 1922 naît une fille, Louise. Jeanne Guéhenno a traduit les lettres de Sacco et de Vanzetti, publiées dans la collection dirigée par son mari, « Les Écrits », chez Grasset, en 1931. Elle meurt de maladie en 1933. 

De 1927 à 1944, il est professeur dans les plus grands lycées parisiens : Lakanal, Henri IV, Louis-le-Grand. Il enseigne en se donnant pour règle de « maintenir ensemble la défense de l’aristocratie de l’esprit et le principe de l’égalité des chances ».

Il est rétrogradé par le régime de Vichy à la rentrée de 1943-44, en classe de 4ème au lycée Buffon.

Pendant l’Occupation, il s’engage dans la Résistance intellectuelle. Il est un des membres fondateurs du Comité National des Écrivains et des Lettres Françaises, avec Jean Paulhan, Jacques Decour, Jean Blanzat, Edith Thomas. Sous le pseudonyme de Cévennes il publie un ouvrage clandestin aux Éditions de Minuit : Dans la prison. Contrairement à la très grande majorité des écrivains de l’époque, il a toujours refusé de publier en se soumettant à la censure de l’occupant. Pendant cette longue et pénible période de silence, il entame une biographie de Jean-Jacques Rousseau.

Le 31 mars 1947, il est médaillé de la Résistance.

A la libération, le gouvernement provisoire de la France le charge d’organiser la Direction de la Culture populaire et des Mouvements de jeunesse. Il met en place les projets de Maisons de la Culture. Jugeant qu’il n’aurait pas assez d’autonomie, et que les anciens cadres s’opposaient aux changements nécessaires, il démissionne de son poste.

De 1945 à 1961, il occupe un poste d’inspecteur général de l’Éducation nationale. Ses tournée d’inspection le font voyager, en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud. Ces grands voyages apparaissent dans ses chroniques du Figaro Littéraire. Ses souvenirs donnent lieu à deux ouvrages aux éditions Gallimard : Voyages, tournée américaine, tournée africaine en 1952, et La France et les Noirs en 1954. En décembre 1946, il épouse Annie Rospabé, résistante sauvée par un arrêt forcé du train qui l’emmenait vers les camps de la mort, auteur de deux livres, L’Épreuve, Grasset, 1968 et La Maison vide, Grasset, 1973. Un fils naît de ce second mariage en 1949, Jean-Marie.

Jean Guéhenno a publié des essais et récits autobiographiques, ces deux genres s’associant étroitement dans son œuvre :

 

è◘ L’Évangile éternel, Guéhenno renouvelle « l’acte de foi dans l’homme » que Michelet a prononcé. Un homme qui doit être l’acteur de son destin. Si les formes de la barbarie peuvent changer, la réconciliation entre le peuple et la pensée savante demeure la seule voie, bien étroite, qui peut nous sauver, Grasset, 1927 ;

è◘ Caliban parle, véritable coup de tonnerre dans les milieux intellectuels, « pamphlet notable contre les inégalités culturelles », Grasset, 1928 ;

Conversion à l’humain, invitant jeunes ouvriers et boursiers à changer le monde, Grasset, 1931 ;

Jeunesse de la France, « pages rapides », de combat, destinées à rappeler sa vocation révolutionnaire à la France du Front populaire, Grasset, 1936 ;

Sur le chemin des hommes, conçu en partie pour amener les éducateurs à s’interroger sur un métier qui est aussi un engagement, Grasset, 1959 ;

Aventures de l’esprit, composé d’essais à propos de Voltaire, Renan, Rousseau, de la France, de l’Université, de la Presse, qui reflètent la religion humaniste de leur auteur, Gallimard, 1954 ;

Caliban et Prospero, dans la préface duquel il fait le bilan des événements de mai 1968, Gallimard, 1969. (Les politiques au cours de ces dernières années ont conduit la France à l’impasse en ne voulant  pas rénover les Universités et en ne sachant pas gérer le nombre d’étudiants qui affluaient.)  

Dans ses ouvrages autobiographiques, la « mémoire affective » est la source d’inspiration majeure. L’écrivain y apparaît déchiré entre sa « réussite » d’homme de lettres et ses origines.

è◘ Journal d’un homme de 40 ans, ouvrage à succès, relatant son enfance, son parcours de jeune étudiant et la Grande Guerre,  traduit en plusieurs langues, Grasset, 1934 ;

Journal d’une « révolution »,  retraçant les événements du Front populaire, perçus par un intellectuel engagé et lucide, Grasset, 1939 ;

Journal des années noires, où l’auteur évoque la France sous l’Occupation, livre devenu une référence importante, Gallimard, 1947 ; 

La Foi difficile, véritable fil conducteur de sa vie : découverte de la région et du petit village de sa première épouse, rencontres avec Daniel Halévy, Drieu la Rochelle, Europe, Vendredi, l’Occupation, Grasset, 1957 ;

è◘ Changer la vie, sans doute son livre le plus connu, où il raconte son enfance et la dureté des rapports sociaux sur fond de capitalisme au début du XXe siècle, dans la petite cité ouvrière de Fougères, Grasset, 1961 ;

Ce que je crois, message d’un humaniste qui assume sa foi et les limites de son expérience, Grasset, 1964 ; 

La mort des autres, livre de réflexion sur la mort de ses camarades lors du premier conflit mondial ; un  pacifiste s’exprime, dans des pages qui marqueront à jamais Bernard Clavel, Grasset, 1968 ;

Carnets du vieil écrivain, où l’auteur dresse un bilan, se reprochant d’avoir parfois oublié de vivre, Grasset, 1971 ;

Dernières lumières, derniers plaisirs, adieu doux-amer d’un serviteur du juste et du vrai, qui s’est parfois égaré, Grasset, 1977.

 

Son œuvre a été récompensée par de multiples prix : le Prix des Ambassadeurs en 1953, le Grand Prix de la Ville de Paris en 1955, le Prix Eve Delacroix en 1960 et le Prix mondial Cino Del Duca en 1973.  

Il a collaboré à La Revue de Paris, à La Grande Revue, à La Nouvelle Revue Française et a dirigé la revue Europe, créée par des amis de Romain Rolland, de 1929 à 1936. Sous sa responsabilité, la revue est devenue un acteur majeur de vie culturelle française, de nombreux écrivains d’horizons très divers pouvant alors s’y exprimer librement. Il en démissionne lors de la prise de contrôle par les communistes.

Jean Guéhenno a été sollicité par André Chamson  pour diriger, avec Andrée Viollis, Vendredi, hebdomadaire au service du Front populaire, qui s’est voulu indépendant des pouvoirs financiers et des partis politiques  (1935-1938).

Chroniqueur au Figaro (1944-1977), puis au Monde (1977-1978). Jean Guéhenno est élu à l’Académie française le 25 janvier 1962 au fauteuil d’Émile Henriot, suscitant cet hommage de François Mauriac dans son Bloc-notes du 22 novembre 1962 : « Quelque mal que vous pensiez de l’Académie, dans une vie exemplaire comme celle de Guéhenno, elle apporte une considération irremplaçable. Le petit ouvrier breton qui, par la puissance de son esprit et par sa persévérance, est devenu ce maître éminent, ce haut fonctionnaire, et surtout cet écrivain, dessine sous nos yeux une image d’Épinal où la Coupole doit apparaître dans la dernière case. »

Frappé d’hémiplégie le 4 juillet 1978, à la suite d’un discours passionné sur Voltaire et Rousseau lors d’un colloque à Paris, il meurt le 22 septembre 1978. Ses cendres ont été dispersées en mer au large des Sept-Îles, en Bretagne.

 

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