Comment les bretons percoivent la Bretagne

Sondage : Comment les Bretons perçoivent-ils la Bretagne ?

Un premier baromètre de l'opinion bretonne vient d'être publié sur les rapports qu'entretiennent les Breton(ne)s à la Bretagne.

86,5 % des habitants de la Bretagne historique se disent attachés à leur région. Être breton « est important » pour 86 % d'entre eux. C'est ce que révèle un sondage d'opinion réalisé par l'Institut TMO Régions.

Une étude au long cours Bretagne culture diversité (BCD) a pris, il y a deux ans, le relais de l'ancien Institut culturel. Sa mission : vulgariser et diffuser la matière culturelle de Bretagne dans les cinq départements. Pour mieux connaître son terrain d'intervention, comprendre le contexte et mesurer l'impact de ses actions, BCD a voulu se doter d'un outil : un baromètre de l'opinion bretonne.

L'Institut TMO Régions a interrogé, mi-décembre, 1003 personnes (sélectionnées par la méthode des quotas) sur les cinq départements de la Bretagne historique. « Nous allons renouveler ce sondage tous les trois ou quatre ans, tous les ans si nous pouvons le financer, explique Ronan Le Coadic, président de BCD, en posant à chaque fois les mêmes questions et ainsi faire des comparaisons. »

Un attachement fort 86,5 % sondés se disent attachés à la Bretagne et 86 % des personnes ayant déclaré être bretonnes assurent « qu'être breton est important » pour elles. Le sentiment de double appartenance est aussi élevé : 45 % se sentent autant bretons que français. 81 % considèrent que la Bretagne est une région, 13 % qu'elle est un pays et 4 % une nation.

L'émotion suscitée par les symboles bretons et français s'exprime dans des proportions semblables : 61 % sont « émus » lorsqu'ils voient un drapeau breton flotter et 56 % lorsqu'ils voient un drapeau français. Seulement 2 % sont « un peu agacés » par le Gwenn ha du (0 % par le drapeau tricolore).

S'agissant des hymnes, Marseillaise et Bro gozh, les résultats sont voisins. « Il n'y a donc pas, note le sociologue Ronan Le Coadic, d'opposition dans l'esprit des habitants de la Bretagne entre les deux symboliques. »

La réunification souhaitée Globalement, les habitants de la Bretagne historique considèrent, à 56 %, que la Loire-Atlantique est bretonne (contre 35 % qui ne le pensent pas). 58 % souhaitent la réunification et 31 % n'y sont pas favorables. Par rapport aux études précédentes de TMO, les pro-rattachement seraient de plus en plus nombreux, y compris en Loire-Atlantique où l'on comptait 55 % de favorables à la réunification en 2006 contre 60 % aujourd'hui.

Un état des langues incertain 6 % des sondés déclarent parler très bien ou assez bien le breton (comme en 2007). 9 % disent le comprendre (10 % en 2007). 5 % des habitants de la Bretagne déclarent parler le gallo alors qu'en 1999 l'Insee comptait seulement 1,3 % de locuteurs du gallo en Bretagne administrative. Cette apparente stabilisation du breton et... progression du gallo laissent perplexe les responsables de BCD eux-mêmes. On ne peut pas exclure qu'une revalorisation de l'image et de l'intérêt des langues régionales ait incité des sondés « décomplexés » à se reconnaître bretonnants ou gallèsants.

Le « droit du coeur » 21 % des sondés pensent qu'il y a trop d'étrangers (non Français) en Bretagne (ils étaient 26 % en 2003). Par comparaison, 66 % des Français pensent qu'il y a en France trop d'étrangers. 60 % considèrent qu'on peut être Breton et musulman (37 % au plan national). Peu xénophobes, peu islamophobes, les Bretons manifestent aussi une faible tentation du repli sur soi.

71 % pensent que la Bretagne doit s'ouvrir au monde (42 % des Français). Enfin, pour 63 % des questionnés, il n'est pas indispensable d'être né en Bretagne ou de parents bretons : on peut devenir breton si on aime la Bretagne. Ce que Ronan Le Coadic nomme le droit du coeur.

Le sondage révèle en revanche une bien faible connaissance de l'histoire et de la culture bretonne. 66 % des sondés avouent leurs lacunes. Un petit quizz (voir ci-dessous) en atteste... « Rien de très surprenant », note BCD. Seuls 14 % des Bretons ont reçu à l'école des cours en lien avec la Bretagne. 66 % des sondés avouent leurs lacunes sur la culture et l'histoire bretonnes.. 66 % des sondés avouent leurs lacunes sur la culture et l'histoire bretonnes.. |

Jean-Laurent BRAS. Ouest-France